Définition du Speed Codéveloppement
La place laissée au temps est cruciale dans la pratique du co-développement. Sa méthodologie possède en effet un cadre temporel spécifique qu’il est important de respecter pour en maximiser les bénéfices :
- Le temps de vie du groupe (plusieurs mois) ;
- la fréquence des rencontres (une fois par mois) ;
- la durée des ateliers (en moyenne 3 h).
Ce cadre peut toutefois se confronter aux contraintes des participants : leur disponibilité, leurs contraintes physiques (déplacement, localisation…), leur désir de s’engager sur le long terme… Le speed codéveloppement est une réponse intéressante à ces problématiques et propose une version accélérée de la structure classique conçue par Champagne et Payette. Voyons les spécificités de ce type d’accompagnement et son mode d’emploi.
1 – Objectif principal du Speed codéveloppement ?
Revenons tout d’abord sur la définition et les grands principes du codéveloppement professionnel avant d’évoquer sa version accélérée.
Le codéveloppement est une méthode d’apprentissage destinée à améliorer la pratique professionnelle de ses participants. Son objectif n’est pas de résoudre des problèmes (il n’y a pas de pression du résultat) mais d’aider chacun à apprendre, cheminer et progresser. Un groupe de codéveloppement professionnel se compose de 4 à 10 participants (accompagné d’un animateur). Il se réunit tous les mois pendant 3 à 4 heures sur une période de 6 mois à un an. Un atelier suit 6 étapes structurées dont les durées varient entre 5 et 45 minutes.
Le speed codéveloppement (aussi appelé fast codev ou brainstorm codev) propose quant à lui une variante abrégée des séances de codéveloppement traditionnelles (30 minutes au lieu de 3 heures). Ce type d’ateliers ne saurait toutefois être véritablement considéré comme du codéveloppement. Son niveau reste en effet plus superficiel et se rapproche davantage des processus “orientés solutions”.
2 – Quelles sont les spécificités du Speed Codéveloppement ?
Le Fast codev s’inspire de la méthodologie du codéveloppement. Nous retrouvons ainsi de nombreux points communs entre les deux types d’ateliers.
Ce qui ne change pas par rapport au codéveloppement classique : la constitution du groupe, les rôles des participants, le code éthique, les 6 étapes à suivre …
Tout comme le codéveloppement classique, un groupe de speed codev est composé de 4 à 10 participants. L’un d’entre eux occupe le rôle de client (celui qui présente une problématique), les autres de Consultants (ceux qui l’aideront à y répondre).
La séance est animée par un facilitateur qui assure le bon déroulement de l’atelier et encadre les interactions des participants au cours de 6 étapes minutées.
Chaque participant s’engage à respecter un code de conduite (authenticité, bienveillance, confidentialité) et à partager des expériences vécues.
3 – Ce en quoi le Speed Codéveloppement se différencie : la vitesse et l’encadrement
Une séance de speed codev réduit en 30 minutes ce que les groupes de codéveloppement classiques font en plus de 3 h. Le facilitateur devient plus présent, rythme davantage les séquences et fait circuler la parole plus rapidement. Selon le guide du facilitateur, animer une séance courte requiert de savoir doublement animer une séance normale. Il faut en effet avoir assez d’expérience en codéveloppement pour décider des étapes à raccourcir sans que cela n’impacte la puissance du processus.
4 – Comment se déroule une séance de Speed Codev ?
Une séance de Speed codéveloppement professionnel se déroule comme suit :
Étape 0 : le groupe choisit le sujet
Les participants sont invités à partager des problématiques qu’ils rencontrent actuellement (pas de prospectif). On utilise généralement un tableau ou des post-its pour mettre en commun les propositions de sujets. Des outils comme la matrice d’Eisenhower peuvent aussi aider le groupe à faire émerger une problématique : laquelle est la plus urgente ? La plus importante ? La plus récurrente ? Les participants votent. S’il n’y a pas de consensus, le choix final revient au facilitateur.
Étape 1 : le Client expose brièvement la situation (5 minutes)
Le participant dont le sujet a été choisi prend le rôle de client. Les autres prennent celui du Consultant. L’animateur lui donne la parole en premier et lui demande d’exposer librement (mais brièvement) la situation. Quelles informations devons-nous connaître pour pouvoir l’aider ? Environnement, organisation… Le client peut aborder tout ce qui lui semble opportun. Les Consultants n’interviennent pas et réservent leurs questions pour l’étape 2.
Étape 2 : les Consultants posent des questions de clarifications au Client (5 minutes)
Le facilitateur redonne la parole aux Consultants pour poser autant de questions qu’ils souhaitent au Client dans le but de clarifier la situation. On évite ici les questions biaisées (As-tu déjà essayé cela ?), on demandera plutôt des éléments de contexte comme le nombre de personnes travaillant avec le Client, sa journée type ou encore le soutien qu’il reçoit au bureau comme à la maison.
Étape 3 : le Client et les Consultants passent un contrat (2 minutes)
La situation est clarifiée pour les Consultants, l’animateur invite ensuite le Client à formuler clairement sa demande au groupe. C’est le moment du contrat. Par exemple : “j’ai besoin de conseils pour mieux gérer mes priorités” ou “je souhaiterai obtenir des pistes d’actions pour travailler la cohésion d’équipe dans mon entreprise”…
Étape 4 : les Consultants font des propositions au Client (5 minutes)
Le facilitateur invite le Client à ne plus parler. Il ne pourra faire qu’écouter et noter les propositions des Consultants sur sa situation. L’animateur propose aux Consultants de réfléchir dans un premier temps à la solution qu’ils estiment être la meilleure pour aider le Client à l’instant T, puis à la mettre en commun. On pourra faire ici un rapide tour de table.
Étape 5 : le Client fait le bilan (2 minutes)
Au cours de cette 5e étape, le Client reprend la parole. Le facilitateur doit veiller à ce qu’il ne cherche pas à se justifier ou ne commente pas l’ensemble des propositions formulées par les Consultants. Il doit uniquement se concentrer sur les actions ou conseils qui lui semblent être les plus pertinents dans sa situation et surtout, actionnables dès la fin de l’atelier
Étape 6 : le groupe partage ses apprentissages (10 minutes)
Le partage des apprentissages est une excellente conclusion à toute séance de codéveloppement. Chaque participant exprime librement ce qu’il a appris lors de l’atelier et ce qui va lui servir dans sa pratique professionnelle.
Pourquoi préférer le speed codéveloppement ?
Le Speed co-développement présente plusieurs avantages :
Il ne bloque pas de longues plages horaires dans les agendas des participants,
il permet d’initier ses participants aux pratiques collaboratives et à l’intelligence collective,
c’est une méthode de formation dynamique et personnalisée, basée sur le partage d’expériences et de bonnes pratiques,
il permet de faire émerger rapidement des solutions à des problèmes récurrents ou ponctuels,
il peut être aisément intégré dans des rituels d’équipe,
Nos points d’attention sur le Speed Codéveloppement
Dans nos ateliers de coaching collaboratif nous nous rendons compte que beaucoup d’apprenants ont du mal à poser le problème qui les impacte. Dans 90% des cas, le problème apporté en séance n’est pas le problème qui est in fine retenu. Ce processus qui permet d’identifier le vrai problème prend généralement une heure, dans le meilleur des cas, 30 minutes avec des personnes très expérimentées.
Il y a donc un fort risque de travailler sur le “mauvais” problème, d’aider sur le mauvais sujet.
Notre conclusion sur le speed-codéveloppement
En 30 minutes, impossible toutefois d’analyser en profondeur les problèmes des participants. Le speed codéveloppement reste toutefois une belle opportunité pour donner envie à ses participants de rentrer dans des groupes de codéveloppement traditionnels. Que cela soit pour accompagner des managers à progresser dans leurs pratiques (en complément d’un coaching individuel) ou des dirigeants à travailler leur posture sur du court, moyen et long terme.